La 26ème édition de l’étude « Global CEO Survey » révèle que 48 % des dirigeants tunisiens pensent que leur organisation ne sera plus viable à horizon 10 ans, si elle continue sur sa lancée sans rien modifier à sa stratégie actuelle.
Dans un monde soumis à des perturbations constantes et de nature diverse, l’agilité permanente devient le maître mot des dirigeantes et dirigeants. Ces derniers sont à la recherche d’un délicat équilibre, soumis aux turbulences du quotidien et en quête d’une stratégie pour appréhender plus sereinement les défis des années à venir. Le double impératif auquel est confronté le CEO d'aujourd'hui constitue un immense défi, mais aussi une opportunité de diriger en donnant du sens et transformer durablement le rôle de l’entreprise - en tant que catalyseur d’innovations et communauté de solvers engagés sur le long terme.
« L’année 2022 a profondément modifié les projections des dirigeants mondiaux et tunisiens. Son lot de bouleversements comme l’inflation, la crise de l’énergie, mais aussi les perturbations d’approvisionnement liées à la guerre en Ukraine, oblige les dirigeants à rentrer dans une réalité du « en même temps ». Ils doivent simultanément gérer les crises devenues permanentes et transformer de manière durable leurs entreprises, sans transiger sur les investissements et l’humain. C'est un retour à l’essentiel et au vrai rôle des dirigeants, auquel ils aspirent : dédier plus de temps à la stratégie et au collectif, indispensables pour projeter leur entreprise dans l'avenir. »
Fortement liés au contexte, les risques conjoncturels que sont l’inflation et la volatilité macroéconomique sont cités en menaces principales de l’année à venir par les dirigeants mondiaux et tunisiens. L’inflation fait son entrée directement à la première place, et ce, en Tunisie comme au niveau mondial.
À 12 mois, lorsque l’on agrège les risques liés aux problématiques ESG (changement climatique et inégalités sociales), les répondants à la 26ème Global CEO Survey les placent en quatrième position des principales menaces. Sans grande surprise, l’urgence climatique se ressent de manière plus importante à horizon cinq ans. Cumulée aux risques représentés par les inégalités sociales (33 % au total), l'ESG devient un des sujets sur lequel les dirigeants tunisiens doivent continuer à s'engager.
(Somme des réponses "fortement exposée" et "extrêmement exposée")
Les risques liés à la cybersécurité sont depuis quelques années dans le top 3 des menaces perçues par les dirigeants dans le monde, à court comme à plus long terme. Les dirigeants tunisiens classent cette menace à la sixième position à un horizon de cinq ans (15 % contre 25 % dans le monde) et à un horizon de 12 mois (12 % contre 20 % dans le monde). Cette sensibilité au risque cyber est récente. Pour rappel, ce risque avait fait une progression notoire dans le monde de +36 % en 2022 par rapport à 2021.
Cette tendance reflète la forte croissance des cyber incidents, ainsi que la gravité de leurs impacts, qui mettent à l’épreuve la résilience des entreprises.
(Somme des réponses "fortement exposée" et "extrêmement exposée")
Les dirigeants tunisiens témoignent d’un pessimisme important concernant la croissance économique mondiale au cours des 12 prochains mois. Toutefois, cet état d’esprit est moins marqué qu’auprès de l’ensemble des CEO mondiaux : en Tunisie, 58 % pensent que cette croissance va ralentir, contre 73 % dans le monde.
Cependant, ce pessimisme ambiant ne se traduit pas de manière aussi tranchée lorsqu’il s’agit de leurs propres perspectives de croissance. À l'instar de leurs homologues étrangers, les chefs d’entreprise tunisiens sont plus confiants (55 % sont même extrêmement confiants) dans la croissance attendue de leur chiffre d’affaires.
Pour contrer les effets de la situation économique délicate, 42 % des dirigeants tunisiens ont appliqué une politique d’augmentation des prix des produits et des services et à rechercher d’autres fournisseurs, vient ensuite la réduction des charges d’exploitation (36 %), la diversification de l’offre des produits et services (33 %) et la réévaluation des projets en cours ou les initiatives majeures (24 %).
Parce qu’il est nécessaire de se transformer, de s’adapter pour pérenniser l’activité de l’entreprise, et qu’il faut piloter le temps long en même temps que les crises de court terme, les CEO continuent d’investir, anticipant les grandes transformations réglementaires, sociétales et technologiques.
En Tunisie, 76 % des dirigeants positionnent les évolutions réglementaires comme l’élément principal qui impactera la rentabilité de leurs entreprises dans les 10 prochaines années. C’est 23 points de plus que la moyenne des dirigeants dans le monde.
Conscients qu’il faut agir, les dirigeants tunisiens ont engagé des mesures à des niveaux divers mais leurs actions se concentrent pour le moment sur une stratégie d’atténuation, au détriment des actions d’adaptation face au changement climatique.
(Somme des réponses "dans une large mesure" et "dans une très large mesure")
Les entreprises investissent pour traverser les turbulences et relever les défis de demain. Les dirigeants tunisiens positionnent la montée en compétences (upskilling) de leurs collaborateurs comme leur investissement prioritaire des 12 prochains mois à 91 %. L’investissement technologique (déploiement de nouvelles technologies de type cloud, AI, métavers) est également envisagé par 61 % des dirigeants tunisiens pour l’année à venir.
Face aux multiples défis posés par le contexte économique, l’une des voies explorées par les entreprises est celle de sa capacité à collaborer au-delà de ses frontières.
Les dirigeants interrogés misent sur leur collaboration avec un large réseau de partenaires. Ces relations sont le plus souvent nouées pour créer de nouvelles sources de valeur. Les coopérations avec des start-ups, des entreprises concurrentes et le monde académique représentent les pistes de collaboration les plus explorées par les chefs d’entreprise.
Ce sont principalement sur des thématiques ESG et l’éducation que les entreprises tunisiennes choisissent de collaborer avec des organisations non commerciales, beaucoup plus que sur des sujets plus économiques tels que le développement d’infrastructures, le rétablissement de la croissance ou le développement international.
« Il y a une prise de conscience face à des défis aussi importants que le changement climatique, la réindustrialisation. Les gouvernements ne peuvent pas y arriver seuls et les entreprises ont un rôle à jouer. Il faut arriver à former de nouvelles coalitions qui impliquent les entreprises et les collaborateurs, le monde académique, les organisations non gouvernementales. »
Pour cette 26ème édition de la PwC Global CEO Survey, PwC a interrogé 4 410 dirigeants dans 105 pays et territoires du 4 octobre au 11 novembre 2022.
Les chiffres mondiaux et régionaux de ce rapport sont pondérés proportionnellement au PIB nominal du pays ou de la région, afin de garantir que les opinions des CEO sont représentatives de toutes les grandes régions.
Les chiffres par secteur et par pays sont basés sur les données non pondérées de l’échantillon complet de 4 410 réponses.
Les dirigeants tunisiens ont été 33 à répondre à l’enquête 2022.